Rois de cendres

rois de cendre ancrum

K. ANCRUM / Milan / Jeunesse-Young Adult

17/20

Résumé :

August et Jack n’ont jamais fait partie du même monde. August est discret, alors que Jack est la star du lycée. Pourtant, tous deux partagent bien des secrets, à commencer par leur amitié qui remonte à l’enfance. Quand Jack semble envahi par des hallucinations inquiétantes, c’est le monde d’August qui s’effondre. Il réagit alors de la seule façon qui lui semble envisageable : en plongeant dans la folie de Jack.

Avis :

Une lecture complètement surprise, je me suis laissée convaincre par la couverture (car le résumé ne m’inspirait rien de spécial). Il s’agit d’une lecture vraiment réussie pour moi, j’ai dévoré ce roman et beaucoup apprécié les thématiques abordées par l’autrice. On est sur du roman grand ado/young adult psychologique. J’insiste sur ce dernier point, car le résumé a la maladresse de laisser sous-entendre que le ton est peut-être fantastique. Non. C’est un roman même dur, sombre, avec des troubles psychologiques graves et potentiellement mortels (car la personne se met elle-même en danger). Je suis donc pas hyper fan de ce concept de jouer sur le « alors, c’est réel ou ça l’est pas ?? » du résumé. Le roman entier joue sur cette notion de réalisme, de rêverie, mais le ton ne se veut pas « joueur » bien au contraire. Le danger entoure les deux protagonistes du début à la fin : danger pour soi, danger pour l’autre, danger pour l’entourage.

C’est un roman qui m’a beaucoup touchée, car il rassemble les ingrédients que j’aime en littérature jeunesse : des protagonistes qui parviennent à sortir des sentiers battus, qui sont vrais, imparfaits, vulnérables (ce sont des ados, évidemment qu’ils sont vulnérables), des thématiques importantes et traitées avec profondeur et sérieux (ici, les troubles psychologiques notamment). La postface de l’autrice est d’une qualité rare : elle rappelle qu’un enfant a de nombreux besoins, dont la sûreté, la santé, l’affection… même si l’enfant en question est un adolescent. Je pense que c’est quelque chose qui est souvent oublié en littérature jeunesse, quand on veut faire passer les protagonistes pour les sauveurs du monde. Je suis pour ma part bien plus touchée par des protagonistes qui sont montrés vulnérables, fragiles, que par des héros sur qui repose le poids du monde.

Concernant les protagonistes, Jack et August, ce sont deux garçons auxquels on s’attache facilement, avec lesquels on se brise un peu le cœur. Ils rencontrent tous deux des difficultés, principalement familiales, avec un parallélisme qui va créer une synergie de malheur et de drame. Leur relation est violente, douce, passionnée et résignée. Leurs problèmes à l’un et à l’autre rendent ces liens toxiques au possible, je préviens. La fin laisse même un goût amer en bouche, mais la postface de l’autrice explique qu’une suite serait possible, mais qu’elle n’aurait peut-être plus tant d’intérêt. Car l’intérêt de l’autrice est de mettre le doigt sur la solitude infinie qui peut habiter un cœur, sur l’influence que l’on peut accepter de la part d’autrui à cause de sentiments, sur le cocon d’affection et de bienveillance dont un jeune a besoin pour grandir, pour s’offrir une stabilité émotionnelle, mentale.

Si vous vous intéressez un peu à la psychologie, aux troubles familiaux et amicaux, penchez-vous sur ce roman !

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